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Solidarité avec les détenteurs de droits autochtones dans les Maritimes : Investisseurs et pêche au Canada

Par Katherine Wheatley, Shannon Rohan, & Anthony Schein - PARTAGER

La semaine dernière, notre équipe a assisté à l'escalade de la violence à l'encontre des pêcheurs micmacs et a commencé à échanger des courriels et des messages en interne : "Que savons-nous de la chaîne d'approvisionnement de la pêche en Nouvelle-Écosse ?" "Quelles grandes entreprises achètent du homard de Nouvelle-Écosse ? "Les labels de durabilité des produits de la mer comportent-ils une analyse des droits de l'homme ? "Le Conseil canadien des pêches a-t-il fait une déclaration publique ?

À première vue, les droits de pêche des autochtones semblaient très éloignés du contexte de l'investissement. En examinant de plus près la dynamique de la pêche et du marché, nous avons découvert que les entreprises et les investisseurs avaient la possibilité de faire respecter les droits issus des traités des Mi'kmaqs et leurs propres engagements en faveur de la réconciliation.

D'abord et avant tout, la responsabilité incombe à la Couronne. Dans le cadre de sa relation de nation à nation avec les Mi'kmaq, le gouvernement du Canada doit veiller à ce que les Mi'kmaq puissent exercer pleinement leur droit de pêche issu du traité afin d'assurer une "subsistance convenable", comme le stipule l'arrêt Marshall [1999, 3 R.C.S. 456].

Pourtant, les entreprises canadiennes ont également un rôle important à jouer dans le soutien à la réconciliation et au respect des droits et titres autochtones, comme le souligne l'appel à l'action n° 92 de Vérité et Réconciliation pour le secteur des entreprises. Dans ce cas, comme ailleurs, les investisseurs doivent être attentifs à la manière dont les entreprises canadiennes soutiennent et respectent les droits et les titres autochtones, tels que le droit de pêche des Mi'kmaqs.

Les investisseurs peuvent commencer par se demander quelles sont les entreprises de leur portefeuille qui sont fortement impliquées dans le commerce du homard. Certaines entreprises publiques sont membres d'associations de pêcheurs et d'industries, telles que le Conseil canadien de la pêche. D'autres entreprises ont adhéré à OceanWise, au Marine Stewardship Council et à d'autres programmes de labellisation de la durabilité des produits de la mer.

Nous recommandons aux investisseurs de demander aux principaux détaillants canadiens en alimentation qui sont impliqués dans l'industrie du homard par le biais d'associations commerciales ou d'accords d'achat de faire trois choses :

  • Tout d'abord, conformément à leurs propres engagements en matière de réconciliation, les entreprises devraient faire savoir clairement que les actions des pêcheurs non autochtones en Nouvelle-Écosse au cours des dernières semaines sont inacceptables. Elles doivent le faire au niveau de l'entreprise et par l'intermédiaire des associations industrielles dont elles font partie, comme le Conseil canadien des pêches. À la date du 21 octobre, aucun détaillant canadien n'avait fait de commentaire public, pas plus que le Conseil canadien de la pêche.
  • Deuxièmement, les investisseurs ont un rôle important à jouer dans la promotion d'une plus grande transparence des chaînes d'approvisionnement en produits de la mer en général, y compris pour le homard. À l'heure actuelle, on en sait trop peu sur les sources d'approvisionnement en homards des détaillants canadiens. Les consommateurs et les investisseurs s'attendent à ce que la nature et la source de leurs produits soient transparentes, en particulier lorsqu'il s'agit de l'approvisionnement alimentaire. L'étiquetage de durabilité est un bon début, mais ses lacunes sont mises en évidence par la situation actuelle.
  • Troisièmement, les investisseurs peuvent encourager les entreprises canadiennes, y compris les principaux détaillants en alimentation, à augmenter leurs achats de biens et de services auprès d'entreprises autochtones. Comme le souligne le Conseil canadien pour le commerce autochtone (CCCA), l'amélioration des possibilités d'approvisionnement favorise les résultats positifs pour les communautés autochtones et constitue un élément clé de la réconciliation économique au sein des entreprises canadiennes. Les grands distributeurs peuvent se fixer des objectifs pour augmenter leurs achats auprès des entreprises autochtones et rejoindre le groupe des champions de l'approvisionnement auprès des autochtones du CCAB pour soutenir les détenteurs de droits en Nouvelle-Écosse et au-delà en s'approvisionnant intentionnellement en fruits de mer et autres biens et services auprès de fournisseurs autochtones.

Au nom de son réseau d'investisseurs institutionnels, SHARE posera ces questions à certains des principaux détaillants alimentaires du Canada. Nous invitons les autres à faire de même.


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