Nouvelles

Réforme des principes de l'Équateur pour les droits des populations autochtones dans le cadre du financement de projets

Par Delaney Greig, responsable de l'engagement et de la politique

Le financement est essentiel au développement de grands projets dans le monde entier. Cependant, en finançant des projets d'infrastructure et de développement à grande échelle, les banques peuvent également causer, contribuer ou être liées à des dommages à grande échelle en matière d'environnement et de droits de l'homme.

Conscientes de ces risques, des banques du monde entier se sont réunies en 2003 pour convenir d'un ensemble de principes communs destinés à guider leurs pratiques de prêt pour les grands projets. Appelés principes de l'Équateur (PE), ils constituent un cadre d'atténuation des risques que les institutions financières membres appliquent dans le cadre de leur processus d'examen du risque de crédit afin d'éviter de se rendre complices de violations des droits de l'homme et d'atteintes à l'environnement par le biais de leurs prêts, ainsi que les risques financiers, juridiques et d'atteinte à la réputation qui peuvent en résulter.

Aujourd'hui, 97 institutions financières dans 37 pays sont signataires de l'EP, y compris toutes les grandes banques canadiennes.

En 2016, les manifestations contre l'oléoduc Dakota Access ont attiré l'attention de la communauté internationale en raison de l'ampleur de la résistance passionnée organisée par les peuples autochtones et leurs alliés. Ces derniers craignaient que le projet ne mette en péril les ressources traditionnelles des Amérindiens et l'approvisionnement en eau dans le Dakota du Nord et le Dakota du Sud. Les actes de violence commis par la police et les services de sécurité privés à l'encontre des manifestants, ainsi que les arrestations retentissantes, ont été largement dénoncés.

Dans ce contexte, les investisseurs ont appris que 13 des 17 banques finançant le Dakota Access Pipeline (DAPL) étaient signataires de l'EP, malgré les inquiétudes exprimées. Cette constatation montre clairement que le cadre de l'EP n'a pas permis d'identifier les risques importants pour les droits des peuples autochtones associés au DAPL.

En réponse, SHARE et d'autres représentants d'investisseurs ont rejoint plusieurs banques membres du PE, des groupes autochtones et des organisations de la société civile dans leurs appels à réformer le PE. En améliorant l'EP, nous élevons la barre de la norme minimale de pratique dans l'ensemble de l'industrie financière, plutôt qu'une entreprise à la fois. C'est pourquoi SHARE ne s'est pas seulement engagée auprès des banques qui prêtent directement au projet DAPL, mais a également joué un rôle de premier plan dans la défense des intérêts des investisseurs auprès de l'association EP dans son ensemble.

Une nouvelle version des Principes de l'Équateur (EP4) a été publiée pour consultation cet été. Malheureusement, ce projet est loin d'apporter les améliorations en matière d'évaluation des risques et de protection des droits des peuples autochtones que les investisseurs souhaitaient obtenir en 2017.

SHARE a participé à des consultations écrites et en personne autour du projet afin d'exprimer sa préoccupation quant à ces risques spécifiques et significatifs pour les droits des peuples autochtones dans le monde.

Nous avons demandé que le Parlement européen soit renforcé et aligné sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP). Cela inclut le respect du droit des peuples autochtones à donner ou à refuser leur consentement préalable, libre et éclairé (FPIC) à un développement qui aurait un impact sur eux ou sur leurs terres, leurs ressources et leur culture, comme condition de financement par les banques.

Nous avons également demandé que les mêmes normes de performance soient appliquées dans tous les pays car, comme l'a montré le DAPL, même dans les pays riches de l'OCDE, la réglementation peut suffire à prévenir les risques pour l'environnement et les droits de l'homme.

Les recommandations de SHARE ont été incluses dans un document adressé à l'Association européenne des marchés publics et signé par des investisseurs institutionnels représentant près de 3 milliards de dollars d'actifs sous gestion.

En outre, SHARE s'adresse à certaines banques canadiennes et internationales afin d'obtenir leur soutien pour les améliorations qu'elle recommande d'apporter à la version préliminaire de l'EP4.

Les membres du PE devraient voter sur l'adoption de l'EP4 lors de leur réunion de novembre. Nous espérons que des révisions supplémentaires seront apportées d'ici là pour s'assurer que le cadre est efficace pour les réalités des prêts de projets dans le monde d'aujourd'hui.

Article republié avec l'autorisation de share.ca

RRII Admin

Lire la suite