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L'autorisation sociale d'exercer reste nécessaire en temps de crise

Par Katie Wheatley, chef de projet, Initiative pour la réconciliation et l'investissement responsable et Anthony Schein, directeur de la défense des intérêts des actionnaires

Dans un récent article d'opinion paru dans Responsible Investor, le directeur général de SHARE, Kevin Thomas, a décrit notre programme de reprise après la pandémie, axé sur la résilience et la création de valeur à long terme. Cela signifie qu'il faut respecter et renforcer notre engagement en faveur de la réconciliation, de la transition climatique et du travail décent, et non les mettre de côté au milieu d'une crise.

Avant que la pandémie actuelle n'arrive au Canada, la réconciliation et les droits des autochtones étaient un thème central du programme d'engagement de SHARE. Au cours des dernières semaines, nous avons constaté que le COVID-19 présente des risques plus importants pour les populations autochtones que pour l'ensemble de la population coloniale. La réconciliation et les droits des autochtones restent une priorité pour SHARE, qui surveille les réponses des entreprises à la crise.

Nous nous intéressons de près aux entreprises énergétiques et minières, dont les industries ont été jugées "essentielles" par les gouvernements provinciaux et fédéral. Ces entreprises opèrent sur les territoires traditionnels des peuples autochtones, souvent à proximité de leurs communautés, et sont soumises à l'obligation de consultation. Du point de vue de l'investisseur, les dynamiques suivantes sont particulièrement importantes :

  • En raison des déterminants sociaux de la santé et des inégalités sociales et économiques sous-jacentes, les communautés autochtones isolées et septentrionales sont plus vulnérables aux risques sanitaires du COVID-19 et ont un accès limité aux services de santé.
  • De nombreuses communautés autochtones ont indiqué que leur capacité à dialoguer avec les entreprises était limitée dans le contexte de la crise actuelle. Les entreprises ne devraient pas engager de processus de consultation formelle tant que les communautés et les gouvernements ne sont pas en mesure de réagir efficacement. Une consultation sérieuse n'est pas possible dans les circonstances actuelles. Nous avons également identifié un risque accru de litige pour les projets qui sont approuvés sur la base d'une consultation pendant la pandémie.
  • Le risque élevé de transmission à partir de l'extérieur de la communauté - comme dans le cas des cas provenant de la région de Kearl Lake, au nord-est de Fort McMurray, en Alberta - a conduit les dirigeants autochtones à exprimer leur inquiétude quant à la santé et à la sécurité dans les camps de travail et à la présence d'équipes de construction et de prospecteurs de l'extérieur. Certaines communautés autochtones ont restreint tout accès extérieur à leurs réserves et territoires en raison du COVID-19.
  • Les entreprises autochtones sont confrontées à des défis uniques. Comme le souligne le Conseil canadien pour le commerce autochtone, l'accès au financement, l'inadéquation des infrastructures, le manque de fiabilité de l'accès à Internet et les obstacles au développement des entreprises imposés par la loi sur les Indiens sont autant de facteurs qui exposent les entreprises autochtones à des risques accrus.

Les réponses des entreprises à la pandémie doivent non seulement tenir compte des populations autochtones, mais aussi les centrer.

Du point de vue des investisseurs, les responsabilités et les risques qu'une approche "business as usual" ferait peser sur les entreprises énergétiques et minières méritent l'attention. Les processus de consultation de l'époque de la pandémie résisteront-ils à l'examen public et juridique ? Quelles seront les conséquences pour les opérateurs qui ne protègent pas les travailleurs et les communautés avoisinantes ?

Pour conserver leur licence sociale, les entreprises doivent adopter une approche collaborative et transparente de la prise de décision pendant la pandémie.

Au nom de son réseau d'investisseurs, SHARE a entamé des engagements ciblés avec certaines des plus grandes compagnies pétrolières et gazières pour répondre à quelques-unes de ces questions :

  1. Quel effet la crise du COVID-19 a-t-elle eu sur la consultation active de l'entreprise avec les gouvernements et les communautés autochtones, tant pour les projets nouveaux que pour les projets existants susceptibles d'affecter leurs terres, leurs titres ou d'autres droits ? Comment l'entreprise a-t-elle adapté ses consultations pour tenir compte des difficultés que peuvent rencontrer les gouvernements et les communautés autochtones pour répondre aux demandes en ce moment ?
  2. Comment l'entreprise a-t-elle adapté ses pratiques, fermé ou limité l'accès aux camps de travail pendant cette période afin de s'assurer que les communautés indigènes voisines ne risquent pas d'être infectées par des travailleurs extérieurs ? Lorsque les opérations se poursuivent, comment les opinions et les préférences déclarées de toutes les communautés autochtones voisines sont-elles prises en compte dans les plans d'évitement et d'atténuation des risques ? Quelles mesures spécifiques sont prises pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs sur les sites qui continuent à fonctionner ?
  3. L'entreprise a-t-elle abordé la question de la viabilité financière avec les fournisseurs et les entrepreneurs autochtones au cours de la crise financière actuelle, afin d'aborder les impacts qui pourraient être plus fortement ressentis par les fournisseurs et les communautés autochtones ?
  4. Comment l'entreprise communique-t-elle sa réponse à la crise du COVID-19, et en particulier les mesures et considérations susmentionnées, avec ses partenaires autochtones et les communautés voisines ?

SHARE travaille en collaboration avec ses partenaires afin d'identifier les moyens pour les entreprises d'opérer de manière responsable pendant la pandémie et à l'avenir, avec des solutions qui conviennent à la fois aux peuples autochtones, aux investisseurs et aux entreprises.

RRII Admin

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